Montréal, 30 octobre 1995.

Cher journal.

Ceci est mon premier article que je t'écris et ma maman m'aide à me retracer mes cinq premières années de ma vie. Enfant unique, on m'a donnée naissance alors que le Québec vit avec la grande crise sociale qu'elle a connue. Une semaine auparavant, le 11 juillet 1990, la communauté mohawk de Kahnawake s'était mobilisée pour bloquer le projet d'agrandir le club de goif prévue par le maire d'Oka. Après avoir barrée la route qui relie Oka à la réserve de Kanasatake, la présence de la police provinciale a forcé les guerriers mohawks nommés les Warriors se sont massés pour faire pression au gouvernement en barrant le pont qui relie la réserve de Kahnawake et la ville de Montréal, le pont Mercier. Mon père s'est dépêché pour aller sauver la vie du policier Marcel Lemay, atteint d'une balle chemisée mais ce dernier est déclaré mort à l'hôpital. Malheureusement, ma mère ne comprend pas pourquoi le monde soit si hostile envers les Amérindiens, elle qui a du sang Cherokee et anglophone unilingue. Puisque j'ouvre ce journal alors que je commence mon apprentissage, je peux te dire que je suis très fière de mon premier mois d'apprentissage. Je vais pouvoir me coucher avec la tête pleine de connaissances.

Cap-Santé, 31 décembre 1999

Cher journal...

je suis présentement chez ma tante du côté de mon père et je suis invitée à partager la chambre de ma cousine Cynthia. Ma tante Sylvie et mon oncle Germain vivent dans une ferme et ils élèvent des poules, sept vaches laitières et ont des chevaux de race. À chaque été, je passe une semaine chez eux pour vivre de ma passion pour l'équitation. Malgré le fait que je fréquente une école dans le quartier de Saint-Laurent, le fait de vivre dans la campagne m'a permise de me ressourcer et voir mon avenir. Je suis présentement en cinquième année du primaire et ma cousine m'a confiée qu'elle va terminer sa première année du secondaire à l'école de Donnacona. Je souhaite de ne pas la perdre de vue malgré le fait que je vais subir une dure épreuve.

Montréal, juin 2007.

Cher journal, ceci est un moment très spécial car je vais enfiler la toge et obtenir mon diplôme qui va changer ma vie. Finissant mon secondaire, je vais entrer au cégep en sciences. Après le décès de mon grand-père, le 3 mai 2002, j'ai décidée de devenir cardiologue et s'il le faut, je songe à aller en Europe ou aux États-Unis pour travailler mes connaissances. Acceptée dans trois collèges, dont une dans la vieille ville, je ne suis pas encore décidée de quitter la maison familiale et je reste dans le cégep de Saint-Laurent. Étudier trois ans dans un environnement auquel je connais, je vais me sentir épanouie et j'espère de tout coeur que je vais trouver chaussure à mon pied.  

Paris, 14 juillet 2014

Cher journal, je t'écris de mon appartement d'étudiant alors que je entreprends un stage dans un institut de cardiologie. Je vais commencer mon internat dès août et je vais être suivie par un excellant chirurgien pour les interventions. J'ai rencontré un charmant jeune homme et il me promet la lune pour m'attirer dans ses filets. N'appréciant pas les beaux charmeurs, je l'ai larguée sans lui donner aucune raison apparente. J'espère que l'avenir me donnera raison!

Seattle, 12 février 2018

Cher journal, enfin arrivée dans une nouvelle ville avec un emploi de titulaire après avoir réussi mon stage interne à Londres. Mes patrons de l'hôpital sont satisfait de mon travail de cardiologue et mes recherches sur les blocages coronariens ont porté ses fruits en me donnant une bourse pour travailler dans une clinique à Berlin, en Allemagne. Malheureusement, puisque je connais seulement que le français et l'anglais, je vais regretter mon choix d'ajouter l'allemand dans ma liste de langues. Puisque je dois prendre deux semaines pour me remettre du décalage horaire, je dois défaire mes boîtes et connaître mes voisins.